Le référé précontractuel : un recours express en matière de contrats publics

En matière de marchés publics, les règles du jeu sont strictes : transparence, égalité entre les candidats, mise en concurrence. Lorsqu’une entité publique – comme une mairie, une région ou un ministère – veut passer un contrat avec une entreprise, elle doit respecter une procédure bien encadrée. Mais que se passe-t-il si cette procédure semble faussée ? C’est là qu’intervient le référé précontractuel, un recours rapide destiné à stopper un marché avant qu’il ne soit signé s’il y a eu irrégularité.
À quoi sert le référé précontractuel ?
Le référé précontractuel permet à un candidat évincé ou à toute entreprise intéressée de contester la procédure d’attribution d’un contrat public avant sa signature. L’objectif n’est pas d’obtenir une compensation financière, mais d’empêcher que le contrat soit signé dans des conditions inéquitables ou en dehors des règles.
Il peut s’agir, par exemple, d’une entreprise qui constate que les critères de sélection n’ont pas été respectés, ou que certains concurrents ont bénéficié d’un traitement de faveur. Dans ce cas, elle peut saisir le juge administratif pour demander la suspension de la procédure.
Qui peut saisir le juge ?
Seules les entreprises ayant un intérêt à conclure le contrat peuvent engager un référé précontractuel. Cela inclut les candidats formellement évincés, mais aussi ceux qui auraient voulu participer et qui estiment en avoir été empêchés (par exemple si les conditions du marché étaient floues ou discriminatoires).
Le référé précontractuel est présenté par un avocat devant le tribunal administratif compétent, et c’est un juge unique qui statue. La procédure est rapide : la décision est généralement rendue en quelques jours.
Quels motifs peuvent être invoqués ?
Plusieurs types d’irrégularités peuvent justifier un référé précontractuel, notamment :
- L’absence de publicité ou une publicité insuffisante du marché ;
- Des critères de sélection non respectés ou modifiés en cours de route ;
- Des délais de réponse trop courts ;
- Une inégalité de traitement entre les candidats.
En revanche, le juge ne se prononce pas sur la qualité des offres ou sur le choix final de l’acheteur public, sauf si la décision repose sur des irrégularités flagrantes dans la procédure.
Quelles conséquences pour le contrat ?
Si le juge estime qu’une irrégularité a eu lieu, il peut suspendre la procédure ou ordonner à l’autorité contractante de la reprendre à un stade antérieur, voire de tout recommencer.
Une fois le contrat signé, il est trop tard pour engager un référé précontractuel. D’autres voies de recours existent alors, mais elles n’ont pas la même efficacité immédiate. C’est pourquoi ce type de référé est un outil particulièrement précieux pour les entreprises qui veulent défendre leurs chances d’obtenir un marché public.
Une procédure très encadrée
Le référé précontractuel est soumis à des délais très stricts. Une entreprise doit agir rapidement, souvent dans les dix jours suivant la notification de son éviction ou la publication de certaines informations. Ce délai court ne laisse pas de place à l’improvisation : il faut analyser le dossier, identifier les irrégularités, et saisir le juge dans les temps.
Cette rapidité est voulue : elle garantit que le contrat public ne sera pas paralysé indéfiniment, tout en permettant un contrôle efficace de la régularité des procédures.
Ce qu’il faut retenir
Le référé précontractuel est une procédure d’urgence qui permet de contester, dans un délai très court, les irrégularités d’une procédure de marché public avant que le contrat ne soit signé. C’est un moyen de préserver les principes d’égalité et de transparence dans l’attribution des contrats publics.
Accessible uniquement aux entreprises ayant un intérêt direct, il suppose une réactivité et une bonne connaissance des règles du droit public. Pour les entreprises qui souhaitent défendre leurs droits, il constitue un levier puissant, mais à manier sans tarder. Aussi, il est fortement conseillé de faire appel à un avocat spécialisé.